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Origines de l'art en préhistoire et histoire de la discipline.

Notions de préhistoire...

En 1856, furent découverts des ossements humains dans une grotte de la vallée de Néander près de Düsseldorf. Leurs caractéristiques étaient très différentes des nôtres. L'homme inhumé ici devait être très robuste, pas très grand avec un front fuyant et un bourrelet osseux très marqué sur les arcades sourcilières. Qui était donc cet individu ?

Après de nombreuses études et de nombreuses controverses, il fut établi que cet individu était un de nos lointains ancêtres et fut nommé, homme de Néandertal. Son apparence physique posait des problèmes d'ordre psychologique. Son faciès troublait les consciences. Il faut dire qu'au XIXème siècle, les explications religieuses ou philosophiques sur l'origine de l'homme s'imposaient avec une autorité d'autant mieux acceptée qu'elles flattaient la conviction que l'homme est d'une essence bien différente et bien supérieure au monde animal. Il était donc impossible que cette découverte puisse être rattachée à notre lignée.

Pourtant, il s'avéra que cet hominidé est très proche de nous. Il vécu en Europe entre 300 000 et 30 000 ans et sa disparition sans descendance (nous y reviendrons ultérieurement) reste de nos jours une des grandes énigmes de la Préhistoire.

Depuis 1856, les découvertes se sont enchaînées les unes après autres, de par le monde, augmentant sans cesse le nombre de nos représentants ancestraux et repoussant à des dates toujours plus reculées l'apparition du premier hominidé. Toutes ces découvertes bousculent notre arbre généalogique et nous allons à travers ces quelques pages essayer d'éclairer notre lanterne sur cette fabuleuse épopée de l'évolution humaine...

Sur la trace des premiers hominidés...

 

Le premier australopithèque fut découvert en 1925 dans la grotte de Taung en Afrique du sud. Cette découverte a d'abord laissé la communauté scientifique très sceptique avant de s'imposer et, par la suite, de nombreuses trouvailles sont venues étoffer cette première découverte. C'était jusqu'alors, de par nos connaissances,, la première espèce bipède mais, de récentes découvertes sont venues bouleverser ces données. Deux nouvelles espèces mises au jour l'année dernière en Afrique viennent chambouler ce portrait de famille. Tout d'abord, une espèce que ses découvreurs ont affublé du nom charmant d'Orrorin tugennensis, semblerait posséder dès 6 millions d'années la station debout ! L'autre, au doux nom de Kenyanthropus platyops (difficile à mémoriser !) aurait dès 3.5 millions d'années de nombreuses caractéristiques modernes. Pour compliquer les choses, un nouvel hominidé a été découvert en 2002, Toumaï (Sahelanthropus Tchadensis) qui posséderait de nombreuses caractéristiques modernes et ce dès 7 millions d'années ! . Les études étant en cours, nous traiterons de l'avenir de ces nouveaux congénères dans la rubrique "Actualités & Recherche" dès que des informations plus précises seront publiées par les découvreurs. Pour le moment, nous nous cantonnerons à cette première espèce connue et reconnue : Australopithèque.

Son apparition est liée à un phénomène climatique et environnemental que le Paléontologue Yves Coppens nomme "East side story". Ce phénomène ayant conduit à l'apparition des Australopithèques en Afrique n'est qu'une hypothèse parmi d'autres mais c'est celle qui a la faveur de la communauté scientifique comme étant la plus plausible. Il y a environ 12 millions d'années, un mouvement tectonique entraîna une déchirure de la croûte terrestre sur une ligne allant de l'actuel Mozambique à la mer rouge. S'en suit la formation d'une longue vallée sinueuse, la Rift valley. Elle constitua un barrage naturel Est-Ouest pour les populations animales. D'après Yves Coppens, elle fut déterminante dans l'évolution des pré-humains. A l'ouest, les grands singes continuèrent de se développer dans un milieu humide et arboré, tandis qu'à l'est, ces mêmes ancêtres communs furent obligés de s'adapter à un nouveau milieu plus aride où la forêt a reculé face à la savane. Le processus d'évolution humaine est donc le fait d'une adaptation à notre environnement. Darwin disait que la sélection naturelle est le principal agent du changement. Cette théorie, conforterait, un siècle plus tard ces écrits. Mais, les découvertes récentes d'Abel et de Toumaï viennent ternir cette théorie car ces deux espèces ont été découvertes au Tchad, à l'ouest de la Rift Valley. Celle- ci serait donc moins infranchissable que cela et certaines espèces ont donc du se développer à l'ouest de celle-ci. Mais revenons a cette première espèce capable de s'adapter à ce nouvel environnement : l'Australopithèque. Les nombreux ossements mis au jour au fur et à mesure des différentes expéditions en Ethiopie, Tanzanie et Kenya,ont permit d'en dresser un "portrait robot" .Ses caractéristiques physiques sont les suivantes : tout d'abord, il est bipède, de petite taille (1m, 1.20m), le cerveau est peu volumineux (400-450 cm3), la face est massive surtout au niveau du maxilliaire et des arcades zygomatiques. Il existe différentes sortes d'Australopithèques. Certaines sont dites graciles tel l'Africanus ou l'Afarensis à laquelle est rattachée la célèbre Lucy. D'autres dites robustes comme Australopithécus Robustus et Boisei qui diffèrent des espèces graciles de par leur taille (environ 1.50m) et par la crête sagittale qu'elles possèdent sur le haut du crâne pour tenir les muscles de la mandibule (muscles masticateurs). Il est à noter que les espèces graciles sont plus anciennes que les robustes. Les Africanus et Afarensis ont vécu en Afrique entre 3.5 et 1.5 millions d'années quant aux robustes, on les trouvent entre 2.5 et 1 millions d'années. Ces derniers vont cohabiter avec le véritable représentant de la famille des hommes : Homo Habilis.

Louis Leakey découvrit lors d'une de ces nombreuse expéditions en Afrique, les restes d'un hominidé dont le volume du cerveau était plus important que celui des Autralopithèques (600-700 cm3) et qui semblait être un peu plus grand que ses prédécesseurs (1.20, 1.50 m). Ces autres caractéristiques morphologiques sont assez proches de celles des Australopithèques graciles mais d'autres ont un certain degré de transformation évident dans le sens d'une hominisation, notamment la perte de la crête sagittale que l'on trouvé sur l'espèce robuste, ce qui laisse entendre que cette nouvelle espèce est omnivore et n'a plus besoin, de ce fait, de muscles masticateurs aussi développés que ces prédécesseurs. Il fut appelé Homo Habilis et vit le jour en Afrique aux alentours de 2.3 millions d'années.

Il est le premier à savoir fabriquer des outils, certes rudimentaires, mais qui vont lui permettre de dépecer les charognes pour se nourrir et récupérer les peaux. Pour ce faire, il utilise des galets qu'il aménage à l'aide d'un percuteur (en pierre) pour détacher des éclats et libérer des tranchants sur une (chopper) ou deux faces (chopping-tool). Il continue vraisemblablement de se nourrir de charognes car, aux vues de ses découvertes, il parait peu probable qu'il ait pu chasser de gros gibiers avec un outillage aussi rudimentaire. Il est attesté par contre, que le développement de l'outil, l'invention technologique et l'alimentation peuvent être liées. Il est possible d'associer l'alimentation carnée au développement du squelette. Homo habilis a définitivement quitté la forêt pour la steppe plus dangereuse, cela implique une organisation de groupes sociaux et une implantation de camps de base. Il disparaîtra peu à peu vers 1.5 millions d'années supplanté par une autre forme d'hominidé : Homo Erectus.

 

Homo erectus aurait succédé en Afrique à Homo habilis vers 1.5 à 2 millions d'années. Ses représentants africains les plus archaïques se nomment Homo ergaster et Pithécanthrope en Asie. Homo erectus fut un grand voyageur et colonisateur. Il va coloniser tout le continent africain et il est le premier représentant de la famille Homo à quitter l'Afrique pour l'Asie où on retrouve sa trace vers 1.8 millions d'années en Chine (site de chou-kou-tien) puis en Europe à partir de 1.5 millions d'années sur le site Géorgien de Dmanisi. Il va ensuite coloniser toute l'Europe, on suis sa trace en Italie (site de Ceprano) vers 700 000 ans et en Espagne à Gibraltar vers 800 000 ans, ainsi qu'en France, plus tardivement comme au caune de l'Arago à Tautavel vers 400 000 ans. Il se distingue de ses prédecesseurs par sa morphologie : il se tient maintenant très droit, mesure environ 1.50 m et possède de gros bourrelets osseux sur les arcades sourcilières et son épaisse voûte crânienne couvre un cerveau dont le volume à fortement augmenté (800 à 1000 cm3) ce qui lui a très certainement donné un plus grand potentiel cognitif , ce qui lui permettra, en plus de conditions climatiques favorables (grâce à un regain d'humidité) d'accomplir ses desseins en quittant l'Afrique. Des recherches entreprises sur le site de Dmanisi en Géorgie ont permit de démontrer que la faune que l'on a retrouvé sur le site était similaire à celle de l'Afrique orientale de cette période. Homo erectus a donc, vraisemblablement retrouvé un climat proche de celui qu'il connaissait en Afrique.

Homo erectus est maintenant capable de réaliser des outils performants, mais les armes utilisées pour la chasse sont peu connues et devaient se limiter à des épieux de bois. Il va réaliser un outil polyvalent que l'on retrouvera durant tout le Paléolithique moyen pendant plusieurs centaines de milliers d'années : le Biface.

Cet outil est en galet ou silex taillé à l'aide d'un percuteur lourd (en pierre) pour dégager sur les deux faces une pointe ou un tranchant transversal. Il est d'ailleurs à noter que ce sont des outils très symétriques ce qui n'a pas une importance capitale en tant qu'outil. On serait donc en présence peut-être, d'une première forme d'esthétisme ?

Il est mieux organisé, il chasse en groupe ce qui lui permet de s'attaquer à de plus gros gibiers. Il est capable de construire des habitats, le plus souvent sous forme de huttes de branchages recouvertes de peaux (site de Terra Amata), quelquefois de véritables cabanes (grotte du lazaret), mais surtout, aux alentours de 500 000 ans, il va faire une découverte essentielle pour l'humanité toute entière : le feu.

Cela implique des capacités intellectuelles et psychiques très importantes, qui permettent de dominer en premier lieu cette peur d'un élément à priori hostile et d'en faire un élément utile. La découverte et la maîtrise du feu va révolutionner le mode de vie de nos lointains ancêtres. Le feu va les protéger du froid et de ce fait éloigner la maladie, mais cela leur permettra aussi de s'aventurer dans des régions plus fraîches; le feu va permettre la cuisson d'aliments mais surtout, il va prolonger le jour et cela permet l'amorce puis le développement d'un vie sociale entre individus. Grâce au feu, on va pouvoir partager : partager la nourriture autour du foyer, mais aussi, pourquoi pas des récits de chasses car c'est peut-être grâce au feu que s'est développé un véritable langage ?

Homo erectus va disparaître vers 200 000 ans laissant pour descendants deux espèces très distinctes, l'une se développera en Afrique et n'est autre qu'une forme archaïque d' Homo sapiens sapiens notre descendant direct, et une autre exclusivement européenne Homo sapiens néandertalensis.

La répartition géographique des gisements où l'on a retrouvé des restes néandertaliens atteste qu'il s'agit d'une population essentiellement européenne. Ils sont implantés sur l'Europe toute entière de 300 000 à 30-35 000 ans. Leur morphologie conserve des caractères primitifs tel qu'une ossature très robuste, une voûte crânienne basse et allongée et le fameux torus sus-orbitaire (bourrelet osseux sur les arcades sourcilières) si caractéristique à leur espèce. Leur taille est moyenne (1.60-1.65 m) mais le volume du cerveau est très proche du nôtre (1400-1600 cm3). L'apparition de l'homme de Néandertal est rattachée à une culture lithique du paléolithique moyen : le moustérien, qui produit un type d'outillage spécifique grâce à une nouvelle technique de taille dite "Levallois".(explications dans le paragraphe sur les cultures paléolithiques). L'expansion géographique et l'augmentation démographique de cette espèce témoigne d'une maîtrise certaine de l'homme sur son milieu. Une des innovations importantes de cette culture néandertalienne est l'apparition desépultures d'inhumations (grotte de Shnanidar en Irak et Quafzeh en Israël). Il n'y a aucune trace antérieure de ce rituel. Néandertal donne un caractère rituel à cette acte en déposant dans certaines sépultures, nourritures et ustensiles, cela suggère qu'apparaissent chez lui, de nouvelles préoccupations notamment existentielles : qu'y-a t'il après la mort ? Nous assistons ici aux prémices d'une forme de sagesse, peut-être d'une première forme de religion avant l'heure, en tout cas d'une croyance dogmatique.

L'individu de la chapelle aux Saints (Corrèze-France) était âgé d'environ 50 ans (ce qui est très vieux à cette époque), et il était affecté, aux dires des anthropologues, d'une grave forme d'arthrose ce qui l'a probablement conduit à être à la charge de la communauté à laquelle il appartenait. Autre exemple similaire en Irak, à la grotte de shanidar, l'individu inhumé était privé d'un bras. Ces exemples suggèrent que s'était déjà développé un esprit de solidarité, ce qui implique des aspects éthiques que l'on retrouvera plus tard dans les préceptes de nombreuses religions ! Selon la théorie de Freud, le sentiment de la faute et la frustration causée par le fait de se sentir privé d'affection et de relations humaines a probablement contribué à la formation d'idées qui pourraient avoir déterminé un aspect fondamental du culte des morts.

Il devait, bien que cela ne soit pas scientifiquement attesté, avoir eu aussi des capacités, des prédispositions pour l'art. Divers objets de parures sont d'ailleurs rattachés à cette culture des derniers Néandertaliens, le châtelperonnien vers 35-38 000 ans. De nombreux fragments de pigments colorants y sont aussi fréquemment associés à ces niveaux stratigraphiques. Ils auraient très bien pu enduire leur corps de couleurs où y apporter un traitement particulier, une sorte de tatouage ! mais nous ne pourrons malheureusement jamais le savoir...

Ce que l'on sait, par contre, c'est qu'ils ont disparu progressivement du paysage européen, supplantés par notre ancêtre direct venu d'Afrique puis du Proche orient, Homo sapiens sapiens, plus communément appelé homme de Cro-magnon (abri de cro-magnon, Dordogne). Homo sapiens sapiens est arrivé au Proche orient vers 100 000 ans et il va migrer d'est en ouest pour coloniser toute l'Europe vers 35 000 ans. Il a très certainement cohabité par endroit avec Néandertal, il n'est d'ailleurs pas impossible qu'il y eût des métissages. Les derniers Néandertaliens (châtelperonnien) ont perduré par endroit jusqu'à 28-30000 ans. Leur dernière culture (châtelpéronnien) a-t'elle subit l'influence de ces premiers hommes modernes, ou bien est-ce l'homme moderne qui a été influencé par les derniers Néandertaliens ? C'est une énigme, comme l'est leur disparition sans descendant ! En effet, il est attesté (encore récemment par des analyses ADN) que Néandertal n'a eu aucune suite à sa lignée, l'homme de cro-magnon est, à priori, un descendant du lointain Homo erectus. L'arrivée des hommes modernes dits "aurignaciens" en Europe leur aura été fatale.

Les hommes modernes du début du paléolithique supérieur sont assez mal connus car les vestiges de cette période sont rares. De plus, la valeur de ses fossiles est assez inégale car un grand nombre des découvertes ont été effectuées à la fin du XIXème siècle, à une période où, il est bien évident, les méthodes de fouilles n'avaient pas la rigueur des méthodes actuelles.

Nous pouvons cependant signaler, que ces premiers hommes modernes étaient d'une taille assez élevée (environ 1.80m), très robuste, la grande différence d'avec ses prédécesseurs tient au fait que le crâne est plus élevé, avec un frontal redressé et surtout l'apparition d'un menton typique. Le volume du cerveau a, bien évidement augmenté (environ 1500 cm3) pour arriver à celui du nôtre (environ 1800cm3). Les hommes du paléolithique supérieur récent (solutréen, magdalénien) ont une morphologie plus gracile que celle des aurignaciens, c'est à dire la nôtre !

Après ce bref survol de l'évolution humaine, nous allons nous intéresser aux différentes cultures du paléolithique auxquelles ces hommes sont rattachés.

Les cultures Paléolithiques.

 

A) Paléolithique inférieur : 2.5 millions d'années à 350 000 ans.

B) Paléolithique moyen : 350 000 à 35 000 ans.

C) Paléolithique supérieur : 35 000 à 10 000 ans.

 

Ces périodes ne correspondent pas forcément aux dates d'apparition d'une espèce humaine en particulier. L'évolution culturelle est indépendante de l'évolution biologique. Possédant peu d'éléments fossiles exploitables de cette période, les outils lithiques sont les seuls éléments sur lequels une analyse peut être construite car ils sont les seuls à s'être conservés quelle que soit la période. Ils participent donc à l'établissement d'une chronologie culturelle du paléolithique.

 

A) Les sociétés du Paléolithique inférieur.

1) l'Oldowayen (du site d'Olduvai en Tanzanie)

Les outils utilisés sont simples, rudimentaires (galets aménagés & éclats).On frappe le bord d'un galet, à l'aide d'un percuteur lourd (pierre) afin de dégager un éclat et obtenir de ce fait une partie tranchante. Cet outil sur galet que l'on appelle chopper (s'il possède un tranchant sur une face) ouchopping-tool (si sur les 2 faces) est un objet polyvalent qui sert à couper, trancher, racler. L'éclat ou les éclats récupérés lors de la taille peuvent être dans certains cas travaillés. On appelle cela la retouche que l'on obtient par petites percussions ce qui permet d'avoir des bords très coupants. Homo habilis peut être rattaché à cette industrie lithique. Nous ne possédons, à l'heure actuelle aucunes certitudes quant au rattachement de cette industrie à l'Australopithèque qui s'est servi de pierres comme outils mais qui n'a, à priori pas apporté de modification à celles-ci. Il n'a donc pas produit une industrie lithique. Les groupes humains rattachés à cette culture sont organisés de façon très simple, sans aménagement de l'espace, donc sans trace d'abri fabriqué ni de zone d'espace de travail spécifique.

2) l'Acheuléen (du site de St-Acheul dans le nord de la France)

Il est caractérisé par l'apparition d'un nouvel outil lithique, le Biface. Pour ce faire, il faut utiliser un autre type de percuteur "dit" percuteur tendre, à la différence du percuteur lourd comme la pierre qui est utilisée jusqu'alors pour la confection des choppers et chopping-tools. Ce percuteur tendre peut-être en bois végétal ou animal. Les éclats obtenus sont moins gros, cela permet un travail plus précis.L'outil obtenu est taillé sur les deux faces (d'où son nom) et d'une symétrie parfaite. Certains y voit une trace d'apparition du sens esthétique ?

Il y a aussi des galets aménagés comme à l'Oldowayen mais il y a plus d'éclats (du fait des déchets de taille du biface) retouchés avec lesquels sont réalisés des grattoirs et des racloirs. Il ne semble pas y avoir, comme à l'Oldowayen d'aménagement de l'espace habité. Il ne faut pas oublier, par contre, que cette culture est à rattacher à l'apparition du feu. Le feu a certainement d'abord été récupéré et entretenu (à la suite de la foudre après un violent orage par exemple !). Pour allumer du feu, il existe 2 techniques :

- soit par friction de 2 éléments de bois, ce qui produit un échauffement rapide sur un petit lit d'herbes sèches.

- soit par la percussion d'un silex et d'un morceau de quartz ou de pyrite qui dégagera une étincelle.

L'Acheuléen est une période très longue qui a vu se succéder plusieurs groupes humains.

 

B) Les sociétés du Paléolithique Moyen.

Plusieurs groupes humains sont à rattacher à cette période (Homo erectus, Homo sapiens néandertalensis, ainsi que les premiers Homo sapiens sapiens).

La culture la plus représentative de cette période est le Moustérien . Cette culture est rattachée à l'homme de Néandertal.

L'outillage lithique est fondé principalement sur les éclats. On continue de trouver sporadiquement quelques gros outils comme les choppers et les bifaces. Pour obtenir ces éclats, une nouvelle technique de taille est utilisée dite Levallois. Pour cela, on met en forme un bloc de silex afin d'obtenir unnucléus. On peut ainsi prévoir la forme de l'éclat que l'on obtiendra après percussion de celui-ci. Cette technique permet d'obtenir de nombreux éclats à partir de ce rognon de pierre (nucléus) et donc d'avoir moins de déchets inutilisables. Ces éclats sont ensuite transformés pour réaliser des outils précis ( racloirs, grattoirs, perçoirs,...) pour des tâches précises.

Il y a une véritable gestion de la matière première car les bons matériaux, tel que le silex sont rares. Il est fréquent de voir de la matière première retrouvée sur un campement et dont le site d'exploitation est situé parfois à de grandes distances du camps de base. Il arrive même que le nucléus soit mis en forme sur le site d'exploitation avant d'être ramené au campement. On évite ainsi une surcharge inutile. Il est évident que ces groupes humains gèrent leurs déplacements dans leur territoire : tel endroit pour la matière première, tel autre pour la chasse, un autre comme campement proprement dit. Ces groupes sont bien organisés. La chasse se développe au détriment du charognage car leur organisation collective leur permet de chasser de gros gibiers (rennes, bisons ou aurochs). Il semble que l'espace habité commence à être aménagé avec des aires d'activités précises.

C) Les sociétés du Paléolithique supérieur.

Cette période ne connaît qu'un seul groupe humain : Homo sapiens sapiens. Le paléolithique supérieur voit l'apparition de nombreuses cultures identifiées sur la base de leur production lithique et pour certaines osseuses. On dégage généralement 6 grandes cultures :

- l'Aurignacien : 35 000 / 27 000 ans.

- le Gravettien : 27 000 / 22 000 ans.

- le Solutréen : 22 000 / 18 000 ans.

- le Badegoulien : 18 000 / 16 000 ans.

- le Magdalénien : 16 000 / 10 000 ans.

- l'Epipaléolithique : 10 000 / 8 000 ans.


Globalement, durant tout le Paléolithique supérieur, le climat est froid avec quelques périodes tempérées régulières que l'on nomme interstades. Il y a durant cette période de grandes plaines de steppe avec très peu de parties boisées. La faune rattachée est bien sûr, adaptée à ce climat et ce milieu (rennes, bisons, mammouths, chevaux, bouquetins en montagne...) . Toutes les nouvelles industries lithiques sont fabriquées sur un type de support nouveau : la Lame, dont la fabrication est techniquement plus complexe que la taille dans la masse comme dans les cultures antérieures. Il faut pour cela préparer le plan de frappe du nucléus et créer une arête sur le grand côté du nucléus lors de la percussion, la lame se détache et son négatif sur le noyau de silex va créer deux nouvelles arêtes qui vont servir de guide pour les percussions suivantes. Les déchets sont de ce fait moins important.

Il faut savoir que nous arrivons à cette période à une très grande maîtrise de la taille. A titre de comparaison, il y a 2 millions d'années, un homme qui taillait un kilo de silex obtenait avec difficultés 10 cm de tranchant utile (homo habilis), homo erectus taillait un même kilo de silex et parvenait à en sortir 40 cm. Il y a 50 000 ans, homo sapiens réalisait 2 mètres de tranchant. Enfin, il y a 20 000 ans, homo sapiens sapiens parvenait à extraire 20 mètres sur un kilo de silex !

De par cette nouvelle technique, on auto-entretient de ce fait le nucléus car chaque lame détachée va créer les conditions nécessaires pour en sortir d'autres. Cette industrie lamellaire va permettre de diversifier l'outillage lithique (grattoirs, perçoirs, burins, pointes...).

Au Solutréen, une technique très complexe est employée pour la fabrication de pointes. En effet, une retouche dite "par pression" est mise en oeuvre. On obtient des retouches sans l'aide de percussion, cela permet des retouches très fines et couvrantes sur des armatures telle que la fameuse "feuille de laurier". Il est bien évident qu'une technique aussi élaborée devait être le fait de spécialistes de la taille.

Nous l'avons dit plus haut, à cette période apparaît aussi une industrie osseuse (os & ivoire). Il a donc fallu inventer une technique de travail de l'os. Beaucoup d'outils sont façonnés à partir de baguettes d'os prélevées sur un os long ou sur un bois animal à l'aide d'un burin en silex. On appelle cette technique le double rainurage. Il faut ensuite, après avoir détacher cette baguette, racler l'os pour régulariser la baguette obtenue grâce à un grattoir ou à un racloir. Elle est ensuite polie à l'aide d'une pierre abrasive (granit ou grès) et sera ensuite sciée soit à l'aide d'une lame de silex, soit par la friction d'une cordelette. Certains de ces outils seront perforés à l'aide d'un perçoir ( aiguille à chas, harpons) pour leur utilisation.

Nous allons donner ici quelques types d'outils en os :

- Ciseaux : objets utilisés pour l'écharnage et le lissage des peaux.

- Pointes de sagaies : pour la chasse. Elles sont emmanchées à l'extrémité de la sagaie.

- Harpons : utilisés pour la pêche. Ils sont emmanchés sur une hampe de bois et peuvent posséder un ou deux rangs de barbelures.

- Propulseurs : ils permettent de démultiplier la force du lanceur de sagaie, et de ce fait, de propulser plus long des sagaies traditionnelles.

- Aiguilles à chas : aiguilles à coudre. Le fil (tendon animal ou végétal) est maintenu par un chas.

L'utilisation de harpons est caractéristique de la période Magdalénienne.

Nous l'avons dit précédemment, il apparaît clairement pendant le paléolithique supérieur, qu'il y ait eu des différences de statuts entre les différents membres d'une communauté du fait que chaque tâche requiert un savoir particulier et une maîtrise parfaite. L'habitat est très organisé avec des zones d'activités spécifiques. Le campement est établi soit à l'entrée des grottes, soit en abri sous roches mais aussi en plein air. Il y a différents types de campements, d'une part les sites "principaux" où réside le groupe, d'autre part les sites spécialisés (chasse, approvisionnement en matière lithique,...) et aussi des campements de transit de courte durée lors d'un déplacement. Il semblerait que ce cycle soit organisé sur un rythme saisonnier.


Le Mésolithique.

C'est dans un contexte climatique nouveau que vont se développer, à partir de 8500 ans, les cultures épipaléolithiques qui occupent la phase de transition entre le Magdalénien des derniers chasseurs et la "révolution Néolithique". Cette période de transition est appelée Mésolithique (du grec meso-milieu et lithos-pierre).

Un climat tempéré se met peu à peu en place marqué par le développement de la forêt de bouleaux et de conifères, noisetiers, chênes et hêtres. La faune subit de ce fait des transformations, le renne et le mammouth font place au sanglier et au cerf. Ces groupes humains continuent de vivre de chasse et, accessoirement de cueillette. On a d'abord caractérisé cette période par son industrie lithique très particulière de microlithes qui sont de petits objets en forme de triangle ou de trapèze de 2 à 3 cm de long (la généralisation de l'arc est caractéristique de cette période). La céramique n'est pas encore utilisée bien que, l'on ait trouvé dans certains sites (abris sous roches de Bavans.Doubs) de la céramique de tradition locale avec des microlithes, d'où un phénomène toujours présent d'acculturation quelque soit les périodes !

Il y a de nombreuses cultures épipaléolithiques mais nous n'en retiendrons que 3 importantes :

- l'Azilien (du site du Mas d'Azil en Ariège).

- le Tardenoisien (du site de Fère en Tardenois dans l'Aisne).

- le Sauveterrien (du site de Sauveterre la Lémance dans le Lot et Garonne).

Chacune de ces cultures ayant une variation matérielle lithique caractéristique.

L'Azilien a été défini en 1887 par édouard Piette, grand préhistorien français, sur le site du Mas d'Azil. Il se caractérise par des microlithes en forme de pointe à dos courbe (pointe azilienne) et par de petits grattoirs ronds. L'industrie osseuse est importante (harpons) et on trouve aussi de petits galets peints (Mas d'Azil et Rochedane-Doubs).

Les industries sauveterriennes, à l'inverse de celles du Tardenoisien, sont caractérisées par l'abondance de triangles et l'absence de trapèze. L'outil caractéristique est la pointe de sauveterre. On identifie généralement le Tardenoisien aux sites du bassin parisien à la différence de cultures contemporaines à celle-ci géographiquement implantées tel que le Castelnovien ou le Montclusien pour le midi de la France.

Les populations de ces différentes cultures sont mal connues car les sépultures de cette période sont très peu nombreuses mais elles sont héritières de celles du Paléolithique supérieur.

 

Le Néolithique.

 

C'est la période pendant laquelle se développent les sociétés productrices agro-pastorales qui vont conduire à la constitution des sociétés actuelles. L'homme va cesser d'être un prédateur et il va maîtriser ses sources de nourritures par une domestication des espèces végétales et animales. Ce processus est accompagné de nouvelles techniques : polissage de la pierre, invention de la céramique, etc... Ces dernières vont permettre à l'homme de se sédentariser et donc de changer ses modes d'occupation du territoire. Il est important de noter que l'homme s'est tout d'abord sédentarisé, ce n'est qu'après (d'après les données archéologiques) qu'il a mis en application agriculture et élevage.Le matériel évolue en ce sens avec l'apparition d'éléments de faucilles en silex mais aussi de fusaïoles en terre car les premiers métiers à tisser apparaissent.

Les premières cultures néolithiques ont vu le jour au Moyen Orient il y a environ 8 à 10 000 ans (culture natouffienne). Ces cultures étaient très organisées et capable de construire des villages de huttes aux murs de pierre.

La néolithisation de l'Europe s'est effectuée progressivement à partir du proche et moyen orient.

On note en général, deux grands courants de néolithisation (mais le nombre de cultures est très important), l'un d'est en ouest le long des côtes méditerranéennes que l'on nomme Cardial, l'autre le long du Danube et des plaines du nord, le Danubien. Ces deux grands groupes vont entrer en contact avec les groupes Mésolithiques implantés jusqu'ici. Leur implantation a été différente, acculturation pour l'une, colonisation pour l'autre.

La culture Cardiale.

Cette culture tient son nom d'une espèce de coquillage dont les valves dentelées servaient à décorer la céramique, le Cardium.

On trouve trace de cette culture dès 7000 BP (Before Present) en Corse et en Sardaigne. L'élevage du bétail (moutons, boeufs) va détruire peu à peu la végétation en place et va de ce fait libérer des espaces et favoriser l'agriculture. Ce phénomène va entraîner le développement de la transhumance, caractéristique de cette culture.

Les faciès locaux de cette civilisation sont nombreux. Il semblerait donc qu'il y ait eu un véritable phénomène d'acculturation avec les cultures antérieures.

L'habitat est peu connu mais il est caractérisé en plaine, par des cabanes circulaires prolongées bien souvent par un enclos à bétail. En montagne, en revanche, l'habitat en grottes et abris sous roche reste utilisé.

La culture Danubienne.

Cette culture apparaît le long du Danube et de ses affluents dès 7000 BP. Les villages danubiens sont installés sur des terres légères liées à des pratiques agricoles peu élaborées avec un défrichage par brulis et l'absence de fumure. Ce mode d'exploitation oblige donc la mise régulière en jachère des terres avant de pouvoir les exploiter à nouveau. Cette technique agricole explique très certainement cette extension très importante de cette culture qui doit coloniser véritablement de nouvelles terres pour continuer à vivre.

Cette civilisation est reconnaissable par un type très particulier d'habitat composé de maisons quadrangulaires de 10 à 40 mètres de long et formées de poteaux enfoncés dans le sol qui déterminent un certains nombres de pièces. Il semblerait que ces habitations aient pu être habité par des personnes de différentes familles.

Il apparaît, dans ces sociétés du Néolithique ancien, les premières traces véritables de statuts sociaux au sein d'une même communauté d'individus. Ces différents statuts sont notamment perceptibles dans les tombes (individus richement parés en bijoux ou armes) et surtout avec l'apparition de véritables monuments funéraires.

Un nouveau changement va voir le jour vers 3500 BP en Europe (plus tardivement au Proche et Moyen Orient) avec l'apparition des premiers métaux. Cette période est appelée Chalcolithique (chalco : cuivre).

Le Chalcolithique.


Les premières traces d'exploitation du cuivre se trouvent en Anatolie dès 8000 BP mais il s'agit de l'utilisation de "cuivre natif", c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas encore de métal en fusion coulé. C'est un nodule mis en forme par martèlement, il faudra attendre vers 7000 BP pour que des traces véritables de métallurgie apparaissent. Il est important de noter que l'industrie lithique est toujours présente au Chalcolithique notamment sous la forme de pointes de flèches à pédoncules avec des retouches couvrantes. Cette industrie disparaîtra peu à peu avec l'apparition du bronze puis du fer mais dès lors que cette exploitation de métaux se diversifie, l'écriture voit le jour et nous quittons le monde fascinant de la préhistoire pour celui tout aussi fascinant de l'histoire..... 

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