Origines de l'art en préhistoire et histoire de la discipline.
Henri Breuil (1877-1961)
Surnommé le Pape de la préhistoire par ses pairs, il est le premier a réaliser systématiquement le relevé des peintures pariétales et il va de ce fait porter à la connaissance
de tous cette forme d’art. Certes, il va surtout relever les œuvres les plus spectaculaires, les plus naturalistes mais il va aussi travailler sur certaines représentations plus complexes,
retranscrivant scrupuleusement l’inextricable enchevêtrement de figures comme ce fut le cas pour la grotte des Trois-Frères (Ariège). Son travail sera critiqué plus tard par d’autres
préhistoriens lui reprochant de considérer l’art pariétal comme une accumulation de figures isolées. Pour Breuil, l'art pariétal était "magique" et il pensait que les hommes du paléolithique
représentaient les espèces animales qu’ils souhaitaient chasser, une sorte de rituel précédant la chasse. Cette théorie fait maintenant partie de « l’histoire » des interprétations de l'art
pariétal, mais était encore d’actualité jusque dans les années 40. L’Abbé Breuil a eu le mérite de constituer une véritable base documentaire de cet art même si certains de ses relevés complétés
par ses soins devenaient une reproduction interprétative. Il a aussi travaillé sur le comparatisme ethnographique, notamment avec des peuplades d'Australie. Même si cette méthode d’analyse est
restée très superficielle, elle a eu pour effet de constater que cet art est véritablement un art religieux et non un art basé sur la beauté de la représentation. L’Abbé Breuil restera une figure
emblématique de l’étude de l’art pariétal, passant sa vie à relever ces représentations dans des conditions souvent très difficiles.
Bibliographie :
De très nonbreuses publications, nous citerons ici son oeuvre majeure.
- « Quatre cents siècles d’art pariétal ». CEDP. Montignac.1952.
André Leroi-Gourhan (1911-1986)
André Leroi-Gourhan a été le pionnier d'une nouvelle approche de l'archéologie préhistorique. En effet, il est le maître d'une préhistoire ethnologique, qui, au-delà
d'une description et d'une classification de matériels, va chercher à retracer en détail les opérations techniques, l'organisation sociale, l'économie de subsistance et le comportement
esthétique de ces populations préhistoriques.
Il appliqua cette méthode de
travail et d'analyse tout d'abord sur le site d'Arcy-sur-cure (Yonne) mais aussi à Pincevent (Seine-Maritime).
Il publie en 1964 "le geste et la parole" où il décrit les rapports dialectiques entre la main et le cerveau ce qui
ouvre de nouveaux horizons sur l'origine de l'homme. Il formera de nombreux préhistoriens à cette nouvelle approche de la préhistoire (il entre au collège de France en 1969), et il s'efforcera
tout au long de sa carrière de rendre l'existence aux hommes de la préhistoire dont il ne subsiste que les témoignages matériels de leurs activités
quotidiennes.
Ses études
concernent aussi l'art paléolithique. Il va donner une interprétation religieuse de cet art où la présence d'un bestiaire animal sur les parois des grottes traduit, pour lui, un rapport
masculin - féminin (couple chevaux-bisons) entités opposées et complémentaires, qui sont à la base de cet art. Il rejete le comparatisme ethnographique de Breuil et se penche sur l'analyse
interne et non extérieure des données Il va mettre en place une chronologie de l'art préhistorique en une succession de plusieurs stades évolutifs suite à une maîtrise et une maturité de cet
art.
Même si certaines de ses théories ne sont plus d'actualités de nos jours, il reste que les travaux d'André Leroi-Gourhan sont aujourd'hui encore une référence. Il a permis de penser la Préhistoire autrement…
Bibliographie :
- Le geste et la parole : technique et langage. la mémoire
et les rythmes. Albin-michel. 1964
- Les religions de la préhistoire. Seuil. Paris
1964
- Préhistoire de l'art occidental. Mazenod. Paris
1965
- Dictionnaire de la Préhistoire. PUF. Paris 1986